Page:Loviot - Les pirates chinois, 1860.djvu/121

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dant l’espace d’un quart d’heure, où nous fûmes seuls sur notre navire, le bon Than-Sing nous expliqua que les petites jonques fuyaient devant les grandes, et que, s’il n’en était pas ainsi, les pirates se livreraient combat entre eux. Les nouveaux ennemis qui nous arrivaient étaient donc plus redoutables que les premiers. Qu’allaient-ils faire de nous ? Nous étions là, sans espoir, attendant le poignard, la hache ou le sabre qui devaient nous frapper peut-être ; nous comptions les minutes qui s’écoulaient, et mes yeux ne pouvaient se détacher de la vue des jonques qui rapprochaient nos bourreaux ; je sentais une pâleur livide me couvrir le visage ce n’était pas la peur de la mort elle-même qui me rendait faible en ce moment, mais celle des horreurs de toute nature dont je pouvais être la victime. « Capitaine, dis-je, j’ai peur, oh ! bien peur ! Ne pourriez-vous pas me faire changer de costume ? Voyez ma robe ! et ces monstres qui vont venir ! je voudrais être vêtue comme vous. Que faire ? Ayez pitié de moi. » Le capitaine Rooney me regarda avec compassion. « Oui, vous avez raison, me dit-il, attendez. » Et il me présenta un double pantalon qu’il avait sur lui ; puis, il