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Page:Loviot - Les pirates chinois, 1860.djvu/123

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Chaque jonque a un chef qui commande despotiquement à une troupe de ces forbans, enrôlés sous l’étendard du vol et de l’assassinat. Les pirates qui infestent les lointains parages de la Chine ont pullulé d’une telle sorte dans cet empire de quatre cent millions d’âmes qu’ils exercent impunément leurs actes de brigandage. Il arrive même souvent qu’ils se pillent et se tuent entre eux dans des combats à coups de canons, où la victoire reste avec le butin à ceux qui ont les jonques les mieux armées. Comment peut-il en être autrement dans ce pays, qui n’a pas la moindre marine organisée pour les détruire ?

Nous étions réfugiés, ainsi que je l’ai déjà dit, dans une des chambres du fond comme une digue rompue, en un instant un torrent de ces barbares s’abattit sur notre navire. Les premières jonques n’ayant pu emporter qu’une faible partie du chargement, les nouveaux pirates faisaient encore une bonne prise avec ce qui restait de marchandises ; ils s’occupèrent donc à piller la cargaison sans paraître prendre garde à nous. L’appât du butin semblait seul captiver leur attention. Celles de leurs jonques qui étaient suffisamment chargées se détachaient des