Page:Loviot - Les pirates chinois, 1860.djvu/125

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furent dérobés en un clin d’œil, ce qui chagrina fort le pauvre homme ; ces chaussures étaient confectionnées à la mode de son pays. Un matelot parvint tant bien que mal, un peu plus tard, à lui en arranger une paire avec des morceaux de cuir qu’il découvrit dans des débris de toutes sortes.

Notre position au milieu de ces hommes dénaturés était horrible ; aussi l’égarement se peignait-il sur nos physionomies. Mon costume n’avait pu les tromper ; ma figure, sur laquelle la douleur était empreinte d’une manière si profonde, leur divulgua sans doute mon sexe, car ils me considéraient avec une curiosité avide.

Plusieurs d’entre eux nous demandèrent d’un air railleur si nous pensions toujours aller à Hong-Kong comme nous restions silencieux et abattus, ils se mettaient alors à rire avec des éclats bruyants. Quelques-uns, aux regards cruels et féroces, s’approchaient de nos matelots et faisaient le simulacre de leur couper la tête. Mourante de frayeur, je me faisais aussi petite que possible en me blottissant au plus épais de mes compagnons. À quoi tenait notre existence au milieu de ces êtres sans pitié et sans loi ?