Page:Loviot - Les pirates chinois, 1860.djvu/135

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Le subrécargue prit la parole en me jetant un regard de reproche et de menace tout la fois. « Capitaine, dit-il, cette femme est folle, sans doute, et si elle a pu vous conseiller une pareille témérité, vous trouverez bon que nous vous refusions notre aide ; cette tentative loin d’avoir le succès que vous en attendez, il pourrait se faire, au contraire, qu’elle tournât contre nous, parce qu’il est plus que certain que nous serions surpris en mer avant le jour par les pirates, et cette fois nous n’obtiendrions pas quartier d’eux ; ils devineraient facilement d’où nous vient la possession de leur jonque maudite. » Ces raisons, qui combattaient le plan du capitaine, étaient justes ; aussi parurent-elles le convaincre il proposa alors d’exécuter en partie le projet d’évasion qui pouvait nous faire conquérir la liberté. Il s’agissait de démarrer l’embarcation et de la débarrasser de la charge de charbon de terre dont elle était remplie jusqu’à moitié. En ce moment, et comme pour favoriser notre fuite, la dernière jonque qui était à l’avant du navire s’éloigna et gagna le large ; nous étions donc seuls pour la première fois depuis le commencement de notre captivité ; et nous pouvions travailler avec