Page:Loviot - Les pirates chinois, 1860.djvu/151

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quelque surprise, ce bruit devenait plus distinct, on semblait clouer le panneau qui nous recouvrait ; une pâleur livide me couvrit le visage. Sans nous dire un mot, la même pensée nous était venue à tous deux : c’était notre tombeau que les pirates fermaient en ce moment ! Ils nous avaient pris pour nous laisser mourir lentement par le manque d’air, d’eau et de vivres. Un frisson mortel me parcourut tout le corps. Il doit en être ainsi, me disais-je, lorsqu’on est cloué vivant dans un cercueil. J’étendis les bras et j’essayai de soulever de mes faibles mains ce panneau qui pesait sur nos têtes ; mes efforts restèrent impuissants. Oh ! alors, j’eus un véritable désespoir. Cette idée, qu’il me faudrait endurer les tortures d’une horrible agonie et voir celle de mon compagnon, ébranlait ma raison. Je voulais me briser la tête contre les parois de mon cachot ; je voulais me débarrasser de cette vie maudite : la folie commençait à s’emparer de mon cerveau brûlant. En ce moment, deux mains pressèrent les miennes, c’étaient celles de Than-Sing ; le malheureux me regardait avec des yeux baignés de larmes. Il m’exhortait, avec de douces paroles, au calme, à la résignation ; je voyais, sur