Page:Loviot - Les pirates chinois, 1860.djvu/215

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mon émotion était grande. La Providence, dans mon malheur, se montrait si miséricordieuse !

Nous descendîmes dans une embarcation qui nous transporta à terre ; là, une chaise à porteurs m’attendait, et je parvins en peu d’instants à la résidence française.

Je passai vingt et un jour à Hong-Kong comblée d’attentions les plus délicates. Plusieurs personnes de la ville vinrent me visiter, beaucoup de dames surtout, dont le récit de mes malheurs avait excité la sensibilité. Je dus pourtant me renfermer, par ordonnance du médecin ; à la suite de tant d’émotions contraires, ma constitution se trouva complètement ébranlée. Cette joie, qui succédait à une immense douleur, m’accablait avec trop de violence pour que mes facultés pussent résister longtemps à la secousse. Le mal se déclara, et je fus prise d’une fièvre ardente. Je restai plusieurs jours et plusieurs nuits en proie à un horrible délire ; mon cerveau malade me transportait sans cesse dans les régions de piraterie, où je ne voyais que sang, poignards et incendie enfin, la nature reprit le dessus, Dieu aidant, et je me rétablis vite. Des lettres de France, apportées par un navire