Page:Loviot - Les pirates chinois, 1860.djvu/71

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prendre douze de ces pilules ; mais elle nous questionna, et nous eûmes l’imprudence de lui dire que le remède qu’on lui proposait avait été prescrit par un Chinois. Oh ! alors elle s’opposa obstinément à nos instances, tant le souvenir de l’affreuse prédiction qui lui avait été faite pesait sur son esprit. La résistance qu’elle apportait à nos soins nous mit au désespoir. Nous la suppliâmes à mains jointes de céder à nos prières ; elle y consentit enfin et prit six de ces pilules, mais il fut impossible de lui faire accepter le reste. Hélas ! soit que ce remède, dans l’efficacité duquel nous avions foi, lui fût administré trop tard, soit qu’il lui fût contraire, la maladie qui devait la tuer fit, à compter de ce moment, de rapides progrès ; un violent délire s’empara d’elle, pendant lequel elle s’écriait à chaque instant « Les Chinois ! oh ! les Chinois ! » Bientôt un hoquet, avant-coureur de la mort, vint nous terrifier tous. Nous vîmes cette pauvre femme, jeune encore et pleine d’intelligence, se débattre dans les convulsions de l’agonie. Je m’approchai de son lit de douleurs, j’attirai sur ma poitrine, avec un saint respect, ce visage amaigri par la souffrance, et j’y déposai le baiser de l’adieu su-