Page:Loviot - Les pirates chinois, 1860.djvu/72

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prême. Ses paupières appesanties et mi-closes se relevèrent par un dernier effort ; elle me sourit doucement, comme pour me remercier, puis son corps se raidit sous mon étreinte, et le dernier souffle de sa vie, s’exhalant de ses lèvres livides, glissa le long de mon visage.

Dans la même nuit, et par ordre du capitaine, les matelots transportèrent son corps au milieu du pont ; tout le monde se rangea autour et l’on récita la prière des morts. La cérémonie achevée, le cadavre fut enveloppé dans un drap avec un boulet aux pieds, puis on le glissa dans la mer pardessus le bord. Le bruit sourd produit par sa chute retentit dans le cœur de chacun de nous ; tout était fini.

La mort prématurée de Mme Nelson me fit un mal si poignant que je demeurai plusieurs jours dans une prostration complète ; les pensées les plus sombres venaient en foule m’assaillir, car j’éprouvai à ce moment la cruelle douleur de l’isolement, je me vis livrée à tous les hasards, loin de ma patrie, de ma famille, et je maudis le jour où m’était venue la fatale inspiration de quitter la terre natale. Ma situation présente me parut être une punition du ciel et un mau-