Page:Loviot - Les pirates chinois, 1860.djvu/96

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pétit, oublié pendant le danger, reprenait ses droits. L’heure du dîner venue, chacun prit place à la table, et peu de paroles s’échangèrent pendant ce repas. Nous étions tous recueillis comme des gens qui viennent d’échapper à la mort. J’examinai la figure du capitaine, elle était empreinte d’un profond découragement. J’ai su depuis qu’il songeait à une lugubre aventure qui lui était arrivée deux ans auparavant. Pris par des pirates indiens, après un combat où tout son équipage avait trouvé la mort, le capitaine Rooney avait été attaché au mât de son navire, et ces barbares ennemis lui avaient tailladé le corps en tous sens, sans pouvoir obtenir de lui autre chose qu’un sourire de mépris. Ils le gardèrent prisonnier six mois, après lesquels il parvint à s’échapper.

Le subrécargue présentant la mine la plus piteuse que l’on puisse voir ; car, outre la crainte qu’il avait eue de perdre la vie, il finit par avouer qu’au moment du danger, ses plus cruelles angoisses avaient été pour la perte de ses marchandises.

Than-Sing, le Chinois, avait la physionomie d’un homme qui se sent franchement heureux d’être