Page:Loviot - Les pirates chinois, 1860.djvu/99

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bras. Je voulais parler, je n’avais pas de voix, quelque chose d’aride dans mon gosier arrêtait les paroles sur mes lèvres ; je parvins cependant à lui dire avec des sons étranglés : « Capitaine ! capitaine ! le feu ! le feu est au navire !… Répondez-moi…Entendez-vous là-haut ?… » Mais il était entièrement pétrifié, car il me répondit « I don’t know (je ne sais pas). » Il s’éloigna tout à coup et reparut avec un revolver à la main, la seule arme qu’il y eût à bord. En ce moment, le second de l’équipage accourut de l’avant du navire, et, s’approchant du capitaine, lui dit quelques mots que je n’entendis pas. Plus prompte que la pensée, et soupçonnant un terrible malheur, je rentrai précipitamment dans ma cabine et je regardai derrière le carreau qui s’ouvrait sur la mer. Au feu extérieur, j’entrevis les mâtures de plusieurs jonques chinoises. Je ressortis épouvantée, folle, en criant : « Les pirates !… les pirates !… » En effet, c’étaient les pirates, ces écumeurs de mer de la Chine, si redoutés par leurs cruautés. Ils nous tenaient en leur pouvoir ; trois jonques, montées chacune par trente ou quarante hommes, entouraient le Caldera. Ces brigands semblaient être des démons