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cabinet rempli tant par le personnel de son service à la Salpêtrière que par des étrangers.

La conversation obligée ainsi que la direction des affaires courantes fatiguaient M. Charcot, ce qui se lisait visiblement sur son visage à sa première apparition. Mais à peine le cours commencé, toute trace de fatigue disparaissait, les traits expressifs et si mobiles de son visage, où se révélait la profondeur de l’intelligence et de la nature artistique, s’animaient ; son teint, d’une pâleur mate, s’éclairait par le feu des yeux noirs aux regards perçants surmontés d’épais sourcils foncés. La voix était claire et sonore et résonnait dans tout l’amphithéâtre. Sa parole vibrante et éloquente enchaînait l’attention de l’auditeur et, par la filiation des faits énoncés, s’emparait de lui et le remplissait d’enthousiasme.

Le discours énergique et animé, dédaigneux des longues phrases, se coupait de temps en temps par deux, trois mots arrivés là incidemment. Un geste de la main, très caractéristique, soulignait ces parenthèses, et lorsque la question s’échauffait, un mouvement brusque de la tête se portant de côté les accompagnait. On trouvait au profil de M. Charcot une grande ressemblance avec celui de Jules César, tandis que de face il ressemblait à Napoléon. « Napoleonenkopf », tel était le surnom familier qu’on lui donnait dans les sociétés savantes de l’Allemagne.

Le relief imagé de sa parole et, par conséquent, l’impression produite s’augmentaient de la singulière