Page:Luchaire - Inauguration de l’Institut Français de Florence.djvu/21

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ont su tenir, de nos jours, aussi bien que jadis, avec une incontestable distinction, la plume de l'écrivain.

« L'Académie des Beaux-Arts n'oublie pas non plus qu'elle est chargée, depuis plusieurs siècles, de la tutelle et de la direction de cette Académie de France à Rome, le premier établissement de cette nature, qu'il nous soit permis de le rappeler, créé en Italie par une nation étrangère.

« Il s'agissait, dans le projet suggéré au grand ministre Colbert par Charles Le Brun, d'offrir aux jeunes étudiants, peintres ou sculpteurs,, des facilités de voyage et de travail que leurs devanciers n'avaient pas connues, en les délivrant de toute préoccupation matérielle. L'institution avait son utilité pratique et sa raison d'être, puisqu'elle a duré et dure encore, et puisqu'elle a trouvé de nombreux imitateurs.

« Le 5 mars 1666, aune des séances hebdomadaires de l'Académie royale de peinture et de sculpture, se présentait devant la Compagnie un de ses membres les plus distingués, le peintre Charles Errard, récemment nommé par le Roi directeur de l'école nouvellement fondée à Rome; il venait prendre congé de l'Académie, et lui présenter en même temps les premiers pensionnaires désignés pour l'accompagner sur les rives du Tibre. De ce jour date l'existence de notre Académie romaine.

« Depuis lors, à travers des vicissitudes nombreuses, qui ont parfois menacé son existence, elle n'a cessé de tenir une place considérable dans l'histoire des Beaux-Arts en France.

« Presque tous nos artistes éminents du XIXe siècle ont fait leur pèlerinage dans la ville pontificale, et ont été compléter leurs études à l'Académie de France à Rome. Et il suffit d'avoir vécu quelques années près des maîtres de la peinture et de la sculpture, admis à y passer les plus belles et les plus heureuses années de leur jeunesse, pour savoir quel souvenir délicieux, enchanteur, leur a laissé le séjour à la Villa Médicis.

« Mais pourquoi les leçons des grands génies de la Renaissance seraient-elles moins fécondes que celles de l'antiquité grecque ou latine? Et quelle ville pourrait offrir à l'admiration des artistes une réunion de chefs-d'oeuvre comparable à celle qu'ils trouveront à Florence, cette véritable capitale de l'art moderne, ce musée unique au monde ? Aussi, les lauréats des prix de l'Académie de peinture et de sculpture se voient-ils imposer l'obligation de séjourner en Toscane