Page:Luchet, etc. - Fontainebleau, 1855.djvu/275

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réjouit depuis mon enfance comme un petit chefd’œuvre d’invention et de philosophie pratique, d’observation et de joyeuse ironie. Si je me souviens bien, cela porte pour titre : Y Ane, le bœuf et le laboureur, et, encore une fois, c’est charmant. — Analyser cette fable et tenter d’en faire valoir les divers enseignements, ce serait entreprendre un volume : ce que j’en veux seulement dire, c’est que le bœuf et l’âne ont làdedans des entretiens bien faits pour humilier toute* les académies, et que, par un mystérieux privilège, le laboureur a le don de comprendre le langage des bêtes, ce qui, pour le lecteur, devient une vraie bonne fortune.

Si jeune que je sois encore, par bonheur !… j’ai déjà, par malheur !… entendu tant d’hommes, que je voudrais bien entendre des animaux ! Je suis sûr que ça me consolerait… et chaque jour j’ai envié davantage le privilège mystérieux de ce brave fermier qui, tous les soirs, se défatiguait si doucement du commerce des hommes et de sa femme en allant écouter aux portes des étables, sous les ramures ou le long des étangs.

C’était un heureux, savez-vous, ce laboureur ! Il est vrai que c’est dans les Mille et une nuits que je l’ai rencontré.

Or, en 1846, c’est-à-dire voilà bien longtemps… j’étais à Fontainebleau, et j’y étais bien. J’y étais bien d’abord, parce que Fontainebleau, quand on quitte