Page:Luchet, etc. - Fontainebleau, 1855.djvu/303

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— Ah ! repartit le promeneur avec un étrange sourire, vous savez bien que le lion de France et l’ours d’Espagne ne s’adorent point dans le fond, bien qu’ils se traitent de frères. Or je tiens singulièrement à démontrer au lion que je n’aurai jamais rien de commun avec les gens de l’ours.

— Fort bien dit, riposta l’étranger, pour le cas où il s’agirait d’intrigue politique ; mais telle n’est pas la question, messer. Ce qui m’amène près de vous est une simple fantaisie d’artiste.

— l’ne fantaisie de Charles-Quint ?

— Précisément, messer.

— Dans ce cas, la chose est encore plus grave que je ne le pensais. François Ier n’entend pas raillerie làdessus, voyez-vous. Et d’ailleurs j’ai mille raisons de lui être exclusivement attaché. D’abord le roi chevalier a compris que le Rosso me gênait, et il l’a congédié ; j’ai voulu faire des fresques, de l’architecture, de la statuaire, il m’a laissé libre de me livrer, à tous les caprices de mon imagination. Mais je connais le prince : il lui serait pénible que je travaillasse pour un autre, surtout pour votre maître à la tête rousse.

— Je sais bien, reprit l’étranger avec finesse, je sais bien que le roi François est un prince magnifique ; mais mon maître à tête rousse est royal aussi, quand il s’en mêle, et il ne paye pas les gens de mérite avec des coquilles de noix

— Le salaire n’y fait rien, ajouta le promeneur.