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Utique

Utique, dans ma mémoire, c’est toute une ville romaine sous un océan de céréales.

Notre ami, le comte de Chabannes-La Palice, colon, n’exploite que ses blés et renonce à la moindre fouille. Le hasard seul a fourni le petit musée qu’il possède : statuettes, bustes, vases, lampes, une splendide table de marbre où sont sculptés en haut relief les signes du zodiaque, et cette incompréhensible réunion de sept vases d’argile, le plus grand contenant les suivants, chacun enfermé dans le vide du précédent jusqu’à ce que la série se termine par ce dernier, tout petit, qu’on aperçoit dans le fond, six fois enveloppé par le galbe des autres. Et le tout sans une fêlure.

C’est la charrue, en retournant la terre pour les semailles, qui se chargea de ces découvertes.

Mme de Chabannes, outre la direction du borj (ou vaste maison d’habitation sans étage) et l’éducation de ses deux petits garçons, a entrepris de soigner le monde arabe qui gravite autour de l’exploitation de son mari. La médaille des épidémies prouvera qu’elle s’est bien acquittée de sa tâche.

De notre séjour enchanteur au borj d’Utique je ne veux retenir que trois souvenirs.


Nous revenons, J. C. Mardrus et moi, d’une course à Tunis, dans l’auto conduite par Jacques de Chabannes. À moitié chemin de ce retour, panne. Pendant que notre