neau, mais comme il ne peut donner aucun renseignement précis : « Va, mon garçon, lui dit Démonax, garde bien ton anneau : ce n’est pas celui-là que tu as perdu.
18. Un sénateur romain, qui se trouvait à Athènes, lui disait, en lui montrant son fils, jeune homme d’une rare beauté, mais mou et efféminé : « Voilà mon fils qui vous salue. Il est beau, répondit Démonax, il est digne de vous et ressemble tout à fait à sa mère. »
19. Il y avait un philosophe cynique, qui était vêtu d’une peau d’ours : Démonax ne voulait pas qu’on l’appelât Honoratus, ce qui était son vrai nom, mais Arctésilas^^1.
20. On lui demandait un jour en quoi consiste le bonheur : « Il n’y a d’heureux que l’homme libre. — Mais il y a bien des gens libres. — Moi, je ne parle que de celui qui n’a ni crainte, ni espérance. — Est-il possible de trouver un pareil homme ? Nous sommes tous esclaves de ces passions. — Il est vrai ; mais si vous considérez bien les choses humaines, vous voyez qu’elles ne méritent ni l’espoir, ni la crainte : tout finit, la douleur comme le plaisir. »
21. Pérégrinus, surnommé Protée, lui reprochait de rire trop souvent et de se moquer des hommes : « Démonax, lui disait-il, tu ne fais pas le chien. — Ni toi l’homme, Pérégrinus ! »
22. Un physicien parlait des antipodes en présence de Démonax : celui-ci le fait lever, le conduit sur le bord d’un puits, et lui montrant son image reflétée dans l’eau : « N’est-ce pas là, lui dit-il, ce que vous appelez les antipodes ? »
23. Un homme se disait magicien et se vantait de posséder des enchantements si puissants, qu’il se faisait obéir de tout le monde et donner tout ce qu’il voulait : « Cela n’a rien d’étonnant, dit Démonax, je suis aussi fort que toi : suis-moi, s’il te plaît, chez la première boulangère, et tu verras que, par la vertu d’un seul enchantement et d’un petit ingrédient, elle m’obéira au point de me donner de son pain. » Il faisait allusion à la monnaie, dont le pouvoir est égal à celui de la magie.
24. Le fameux Hérode célébrait les funérailles de Pollux^^3, enlevé par une mort prématurée. Il avait fait atteler son char, préparer ses chevaux, pour y monter, et apprêter un festin. Démonax l’aborde : « Je vous apporte, dit-il, une lettre de la
1. Du mot ἄρϰτος (arktos), ours.
2. C’est Hérode Atticus, dont Philostrate a raconté la vie.
3. Il ne faut pas confondre ce jeune favori d’Hérode avec Pollux, l’auteur de l’Onomasticon.