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LE MAL DES ARDENTS

Il l’examina.

— Comme il ressemble à sa mère, s’écria-t-il, tous les traits, tous les traits : le nez, le menton, cette bouche mystérieuse, les pommettes, les yeux, les oreilles : je détaille, hein ? Mais pourquoi les cheveux lui cachent-ils le front ? Pourquoi te coiffe-t-on ainsi, petit bonhomme ? Est-ce que tu aurais un front vilain, par hasard ?

Il releva la frange, découvrit un beau roc lumineux, regarda la mère.

— Il est aussi beau, mais ce n’est pas celui de ta mère : elle te veut tout à elle, c’est pourquoi elle le cache, hein ? Son regard qui comparait revint à Angèle, s’arrêta sur Bernard distraitement, puis s’en détourna avec une sorte de stupeur et de vivacité tandis qu’il lissait de nouveau hâtivement la frange de l’enfant. Les deux amants seuls avaient saisi le geste fugitif. Ils se regardèrent à la dérobée avec angoisse ; que peu de chose pouvait donc suffire à les trahir !

Le petit Jean racontait le déjeuner à sa mère. Olivier les avait remplis d’admiration ; il leur avait dit les plantes, les animaux, tout ce qui poussait et qui respirait dans son pays et dans les pays que son père avait visités.

— La vie est sa passion, dit Angèle ; il passe des heures à observer les abeilles, les fourmis, les hirondelles. Il n’est que trop exalté ; quand il ne lit pas des récits de voyages ou d’explorations, il en invente et vient me les conter.

— Il raconte bien, dit Marc, il raconte bien.