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LA FIN DE RABEVEL

distinguerait plus bien de la mort si l’intelligence ne la gouvernait avec sévérité.

— Un romantique, dit Reine, qui l’interrogeait avidement. Mais quel romantique musclé et contenu ! » Elle l’embrassa passionnément : « Qu’il me plaît, votre Olivier, chère Madame, que je le voudrais avec mon petit Jean »

Angèle comprit bien qu’elle était sincère ; elle leva les yeux, vit le visage radieux de Bernard, son œil aigü attaché sur elle ; elle se trouvait émue et tremblante ; elle avait un peu froid. Elle s’évada : « Nous avons le temps de songer à tout cela, dit-elle ; son père décidera en Septembre ce qu’il veut en faire ».

Elle commençait à pressentir que l’heure était venue où la lutte qu’elle redoutait tant depuis la naissance de cet enfant allait s’imposer à elle. Sous quelle forme et dans quels termes ? Rien encore qui pût la fixer sur ce point. Mais il ne faisait point de doute que Bernard n’abdiquait rien de ses prétentions, que le désir restait intact en lui malgré l’écoulement de douze années, que, d’autre part, son amour paternel était éveillé, surexcité par l’orgueil et qu’il tenait désormais doublement à la mère et à l’enfant en raison même de ce qu’il retrouverait de l’enfant dans la mère et de la mère dans l’enfant. Et voilà que, par surcroît, cette Reine s’intéressait à son petit, voulait le voir auprès d’elle ! c’était un comble ! Ah ! celle-là ! Angèle se rappelait le bref moment d’émotion qu’elle avait ressentie lorsque