Page:Lucrèce, Virgile, Valérius Flaccus - Œuvres complètes, Nisard.djvu/359

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les armées qui suivant leurs étendards couvrirent les champs ; les guerriers que dès ce temps-là vit fleurir la féconde Italie ; quels peuples conjurés la mirent en feu. Déesses, vous vous en souvenez, et vous seules pouvez raconter ces grandes choses ; à peine un faible souffle de la renommée les a-t-il portées jusqu’à nous.

Le premier qui s’avance pour combattre est le féroce Mézence, contempteur des dieux : il vient des bords tyrrhéniens avec ses bataillons armés. Lausus, son fils, marche à ses côtés ; Lausus, le plus beau des guerriers de l’Ausonie, (7, 650) après Turnus. Habile dompteur de coursiers et la terreur des bêtes sauvages, il conduit, mais en vain, mille soldats de la ville d’Agylle ; digne d’obéir à un meilleur roi, d’aimer un meilleur père. Après eux, guidant son char décoré des palmes du cirque, et ses coursiers tant de fois vainqueurs, se montre le fils d’Hercule, Aventinus, beau comme son père ; il porte gravée sur son bouclier, marque de sa haute naissance, l’hydre paternelle, et ses cent serpents qui y entrelacent leurs replis. (7, 659) La prêtresse Rhéa, simple mortelle unie à un dieu, le conçut furtivement et lui donna le jour dans la forêt du mont Aventin ; alors le dieu de Tyrinthe, après avoir terrassé Géryon, avait atteint les campagnes de Laurente, et baignait les génisses d’Ibérie dans les eaux du fleuve tyrrhénien. Les soldats d’Aventinus portent dans les guerres un javelot croche et des pieux terribles, qui recèlent une longue pointe de fer ; c’est la lance sabine. Le fils d’Hercule, ramassant sur ses épauies l’immense peau d’un lion, et la tête couverte de la crinière hérissée du monstre dont la gueule étale des dents blanches, marche vers le palais du roi dans cette pompe horrible qu’aimait Alcide.

(7, 670) Puis viennent deux frères : Catillus et le bouillant Coras, la fleur de la jeunesse argienne : tous deux ont quitté les murs de Tibur, ainsi appelé du nom de Tiburte leur frère ; tous deux au premier rang se jettent à travers les traits serrés des ennemis. Tels, abandonnant d’une course rapide les crêtes des monts, deux Centaures, enfants de la nue, descendent des sommets neigeux de l’Omole et de l’Othrys ; les vastes forêts s’écartent devant eux, et les rameaux fracassés plient sous leurs pas.

Tu ne manquas pas non plus au Latium alarmé, fondateur de Préneste, Cécu!us, fils de Vulcain, roi né dans les champs, parmi les troupeaux, (7, 680) et trouvé dans un foyer ; ainsi l’ont cru d’âge en âge les peuples de l’Ausonie. Toute une armée d’agrestes combattants l’accompagne, et ceux de Préneste aux hauts remparts, et ceux des campagnes de Gabie chère à Junon, et ceux des rives fraîches de l’Anio, et ceux des monts Herniciens, arrosés de ruisseaux limpides ; ceux que nourrit la riche Anagnie, et le fleuve Amasène. Tous n’ont pas d’armes, de boucliers, de chars retentissants ; les uns (c’est le plus grand nombre) lancent le plomb balancé par la fronde ; les autres portent deux dards à la main ; la dépouille fauve d’un loup (7, 689) couvre leur tête et retombe sur leurs tempes : leur jambe gauche est nue, la droite est chaussée d’un cuir grossier.

Cependant le dompteur de coursiers, le fils de Neptume, Messape, que ne peuvent renverser ni le fer ni le feu, a déjà réveillé ses peuples