Germes dont le concours infecte au loin les cieux :
Et la tourbe des maux dans l’air contagieux
Se déchaîne, tantôt passant comme la nue
Du dehors à travers les espaces venue,
Tantôt montant de terre, en ces humides lieux
Où, brusques successeurs des excès pluvieux,
Les soleils trop hâtés frappent la pourriture.
Vois les eaux, tout d’abord, et la température
Loin du séjour natal éprouver l’étranger.
L’air avec le climat ne doit-il pas changer ?
Est-ce que la Bretagne, et l’Égypte, où la terre
Incline sur son axe, ont la même atmosphère ?
Le soleil de Gadès ne luit pas sur l’Euxin,
Ni le ciel dévorant qui noircit l’Africain.
Aux quatre coins du monde à quatre vents livrées,
Ainsi que leurs climats contraires, ces contrées
Ont leurs peuples, divers de traits et de couleurs ;
Et chacune a ses maux, qu’on ne voit point ailleurs.
L’éléphantiasis aux bords du Nil est née ;
Sa puissance néfaste à l’Égypte est bornée.
L’Achaïe est malsaine aux yeux, l’Attique aux pieds,
Tel pays à tel membre ; et ces inimitiés
Changent d’objet selon la changeante atmosphère.
Souvent, hélas ! un ciel, qui du nôtre diffère,
Se déplace et vers nous glisse, brouillard rampant ;
De proche en proche, un souffle ennemi se répand ;
L’effluve envahissante imprègne et dénature
Tout ; notre air s’assimile à l’air qui le sature ;
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LIVRE SIXIÈME