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TABLEAU HISTORIQUE

en 1777, leva tous les doutes, aplanit toutes les difficultés par l’établissement, à ses frais, des pompes à feu de Chaillot et du Gros-Caillou, qui fournissent régulièrement à elles seules 320 pouces d’eau, environ le double de ce que tous les moyens employés jusqu’alors, à grands frais et d’une manière si peu assurée, avaient jamais pu donner.

Afin de distribuer ces eaux nouvelles dans la ville que Louis XV venait de faire clore d’une muraille, qui englobait dans son enceinte 3,919 arpents, 23,565 maisons et 500,000 ames, on pourrait croire qu’un grand nombre de fontaines publiques auraient dû être érigées ; mais sous ce rapport l’état des choses resta le même ; ces eaux étant le fruit d’une spéculation particulière, elles furent vendues pouce à pouce à des concessionnaires. Les quatre premières fontaines marchandes, dites à tonneaux, établies par la compagnie Perrier, datent de 1782, ce sont celles de la Porte-Saint-Honoré, de la Chaussée-d’Antin, de la Porte-Saint-Denis, de l’entrée de la rue du Temple ; un peu plus tard, lorsque la Pompe à Feu du Gros-Caillou fonctionna, l’on établit dans le quartier Saint-Germain deux autres fontaines semblables, l’une rue de l’Université, et l’autre rue de Sèvres. Les dépenses de l’établissement de ces pompes et de leurs conduits souterrains ayant dépassé toutes les prévisions, et le produit de la vente publique, réuni à celui des concessions à domicile, ne pouvant suffire aux engagements contractés par la compagnie, les actionnaires se pressèrent de trafiquer et de se défaire de leurs titres qui, par un fait assez difficile à expliquer aujourd’hui, vinrent s’amonceler au trésor royal. C’est ainsi que le gouvernement se vit en peu de temps propriétaire unique d’une entreprise que lui seul pouvait soutenir et faire prospérer.