Page:Luzel - Contes populaires, volume 1, 1887.djvu/111

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Le lendemain matin, la Princesse le conduisit dans un grenier, devant un grand tas de graines de toutes sortes. Il y avait là des graines de lin, de trèfle, de chanvre, de navet et de chou, mêlées ensemble. Elle lui dit qu’avant le coucher du soleil, il fallait qu’il eût réuni toutes les graines de même nature dans un même tas, sans qu’il y eût une graine de nature différente dans aucun des tas. Fuis elle s’en alla.

Le pauvre Charles, resté seul, se mit à pleurer, parce qu’il ne croyait pas qu’il fût possible à personne au monde d’accomplir un pareil travail. Il se rappela alors le roi des fourmis. Il m’avait dit, se dit-il à lui-même, que, si jamais j’avais besoin de lui et des siens, je n’aurais qu’à les appeler, et ils viendraient à mon secours. Il me semble que j’ai assez besoin, d’eux, en ce moment. Voyons donc s’il disait vrai :

— Roi des fourmis, viens à mon secours, car j’en ai grand besoin !

Et aussitôt le roi des fourmis arriva.

— Qu’y a-t-il pour votre service, demanda-t-il, Charles, filleul du roi de France ?

Charles lui fit part de son embarras.

— S’il n’y a que cela, soyez sans inquiétude, ce sera vite fait.

Le roi appela alors ses sujets, et aussitôt il arriva tant de fourmis, de tous côtés, que toute