Page:Luzel - Contes populaires, volume 1, 1887.djvu/161

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vrit, et, en entrant dans la cour, il remarqua la princesse à sa fenêtre. Elle le reconnut, et se hâta de descendre et se jeta dans ses bras en pleurant de joie et en disant :

— Que je suis heureuse de te revoir, Fleur-d’Épine ! Mais, mon pauvre ami, tu es venu ici chercher ta mort ; je ferai pourtant mon possible pour te sauver et m’enfuir avec toi. Le géant est absent, depuis six mois, mais, il rentre demain et il arrivera au coucher du Soleil.

Ils s’entendirent sur les moyens de tromper le géant et de s’enfuir, puis ils mangèrent et burent et allèrent dormir ensemble.

Le lendemain, vers le coucher du Soleil, la princesse cacha Fleur-d’Epine dans l’énorme tas de cendres qui s’était amoncelé dans le foyer, depuis quatre cents ans, et lui mit un chalumeau de paille dans la bouche, pour qu’il pût respirer.

Le géant arriva, tôt après, en criant : — J’ai faim ! J’ai grand’faim ! — Puis, ayant reniflé l’air : — Il y a un chrétien par ici, et je veux le manger !

— Où voulez-vous qu’il y ait des chrétiens ici, répondit la princesse ; vous ne rêvez toujours que de chrétiens à manger ; cherchez, du reste, et voyez si vous en trouverez.

Le géant chercha et ne trouva rien. Il se mit