Page:Luzel - Contes populaires, volume 1, 1887.djvu/191

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Quand il eut douze ans, on l’envoya à l’école, en ville, et il regretta beaucoup ses jeux et ses courses en liberté sur les juments de son père. Au bout d’un an, il revint en congé à la maison, et son premier soin, en arrivant, fut de demander des nouvelles des juments.

— Je pense qu’elles vont bien, lui dit son père, car je ne les ai pas visitées, depuis assez longtemps.

Il courut à la prairie où elles étaient et y vit treize juments qui paissaient, et, auprès de chacune d’elles, une belle pouliche, qui gambadait et folâtrait, puis une quatorzième jument avec un poulain tout chétif et qui paraissait malade. Il s’approcha de ce dernier et se mit à le caresser et à lui gratter le front. Le poulain lui dit, dans le langage des hommes :

— Tuez les treize pouliches et me laissez en vie, afin que je puisse téter, seul, les quatorze juments et acquérir ainsi la force de quatorze chevaux.

— Comment ! répondit Riwall, étonné, vous parlez donc ?

— Oui, je parle comme vous ; mais, voulez-vous faire ce que je vous demande ?

— Tuer treize belles pouliches pour un méchant poulain qui ne vaudra jamais grand’chose, sans doute ; non, je ne ferai pas cela.