Page:Luzel - Contes populaires, volume 1, 1887.djvu/192

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— Je vous le répète, faites ce que je vous demande, et vous n’aurez pas à vous en repentir, plus tard.

— Je ne le ferai pas ; il faudrait avoir perdu la tête pour agir de la sorte.

Et Riwall s’en retourna là-dessus à la maison. Mais, toute la nuit qui suivit, il ne fit que songer aux paroles du poulain. Le lendemain, il se rendit encore à la prairie où se trouvaient les quatorze juments avec leurs pouliches, et le poulain chétif lui renouvela sa demande, et de même le troisième jour, si bien qu’il se dit en lui-même :

— Ceci est bien extraordinaire, et je ferais peut-être bien d’obéir et de suivre le conseil du poulain ?...

Enfin, il se décida à tuer les treize pouliches.

Mais, son congé expira, et il retourna à l’école. Il revint encore à la maison au bout d’une année, et courut, dès en arrivant, à la prairie où étaient les juments avec leurs poulains. Les quatorze juments avaient encore eu quatorze pouliches ; mais le poulain n’avait profité en rien. Il accourut à Riwall, dès qu’il l’aperçut, et lui dit encore :

— Tuez ces quatorze pouliches aussi, pour que je reste encore seul à téter les quatorze juments.

— Doucement ! répondit Riwall ; j’ai été assez sot pour vous obéir, une première fois, mais, vous