Page:Luzel - Contes populaires, volume 1, 1887.djvu/78

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longues et branlantes, et toute barbue, l’entretenait, en y jetant force bois. Ils s’avancèrent jusqu’à elle, et l’aîné d’entre eux lui parla de la sorte :

— Bonsoir, grand’mère ? Pourriez-vous nous enseigner le chemin pour aller au Château de Cristal ?

— Oui vraiment, mes enfants, je sais où est le Château de Cristal, répondit la vieille ; mais, attendez ici jusqu’à ce que mon fils aîné soit rentré, et celui-là vous donnera des nouvelles toutes fraîches du Château de Cristal, car il y va tous les jours. Il est en voyage, pour le moment, mais, il ne tardera pas à rentrer. Peut-être même l’avez-vous vu, dans la forêt ?

— Nous n’avons vu personne, dans la forêt, grand’mère.

— Vous avez dû l’entendre, alors, car on l’entend ordinairement où il passe, celui-là....Tenez ! le voilà qui arrive : l’entendez-vous ?

Et ils entendirent, en effet, un vacarme pareil à celui qu’ils avaient entendu deux fois, dans la forêt, mais plus effrayant encore.

— Cachez-vous, vite, là, sous les branches d’arbres, leur dit la vieille, car mon fils, quand il rentre, a toujours grand’faim, et je crains qu’il ne veuille vous manger.

Les cinq frères se cachèrent de leur mieux, et