Page:Luzel - Contes populaires, volume 2, 1887.djvu/192

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Il arrive au château, comme onze heures sonnaient, et trouve la porte de la première cour ouverte. Il en franchit le seuil et voit le sol jonché d’énormes serpents et d’autres reptiles hideux ; dans la seconde et la troisième cours, le cœur faillit lui manquer, à la vue des monstres qui l’environnaient de tous côtés et exhalaient une odeur nauséabonde et suffocante. Enfin, il pénètre malgré tout dans le château. Il traverse une première salle, sans apercevoir aucun être vivant. Mais, il trouve une miche de pain blanc sur une table et, comme il a faim, il en coupe un bon morceau et le mange. Il s’étonne de voir que la miche ne diminue pas, quand on en coupe, et il la met dans sa poche, en se disant : — Cela pourra me servir, dans mes voyages.

Il pénètre dans la seconde salle, et voit un pot de vin sur une table, avec un verre à côté : — A merveille ! se dit-il. Et il boit un verre, puis deux, puis trois, sans que le vin diminue, aussi, dans le pot. Il le met dans sa poche avec le pain, et pénétre dans la troisième salle. Là, il tomba en extase, la bouche ouverte, à la vue d’une princesse, belle comme le jour, étendue sur un lit de pourpre et dormant profondément. Le vin qu’il avait bu l’avait enhardi et fait monter le sang à la tête, et il ôta ses souliers et baisa la princesse, sans qu’elle s’éveillât.