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Page:Luzel - Contes populaires, volume 2, 1887.djvu/395

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elle m’a prié de la remettre dans la mer, me promettant, si je le faisais, de me faire prendre, tous les jours, du poisson, à souhait. Je lui ai obéi, et vous voyez, Guyona, qu’elle a tenu sa parole. Mais, elle m’a dit autre chose encore.

— Quoi donc ? que t’a-t-elle dit encore ?

— Elle m’a annoncé que vous veniez d’accoucher d’un beau garçon, — ce qui est ma foi bien vrai, — et m’a prié de le lui porter sur le rivage, afin qu’elle lui donne un baiser.

— Jésus ! vous ne ferez pas cela, Ewen ; les Sirènes ne sont pas chrétiennes, elles n’ont pas reçu le baptême, et je crains qu’elle ne veuille nous enlever notre enfant, ou lui jeter quelque mauvais sort.

— C’est ce que je craignais aussi, d’abord, et je le lui ai même dit ; mais, elle m’a assuré qu’elle ne lui voulait que du bien, comme à nous, et que je ne regretterais pas de lui avoir obéi, parce qu’elle me ferait un autre don, plus grand encore que le premier. Songez donc, femme, nous serons riches alors, nous qui n’avons connu jusqu’ici que la misère et la peine.

— Il faut commencer par faire baptiser l’enfant, dit alors Guyona, ébranlée par de si belles promesses, puis nous verrons. Allez, vite, chercher un parrain et une marraine, Ewen.

Ab-Grall sortit, et revint bientôt après, accom-