Page:Luzel - Contes populaires, volume 2, 1887.djvu/396

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pagné d’un vieux pêcheur de ses amis et de la fille de celui-ci. On alla sur-le-champ à l’église de Saint-Michel-en-Grève, et l’enfant fut baptisé et reçut le nom de Fanch (François).

En sortant de l’église, et avant de retourner chez lui, le père, craignant que la Sirène ne s’impatientât de tant de retard, s’empressa de se rendre avec son fils nouveau-né au lieu du rendez-vous, La Sirène l’y attendait. Elle prit l’enfant dans ses bras et le baisa au front. Puis, présentant au père une pièce d’or, elle lui dit :

— Prends cette pièce d’or, et, en arrivant dans ta chaumière, dépose-la sur la pierre du foyer et, demain, depuis le lever jusqu’au coucher du soleil, des pièces semblables y tomberont, par la cheminée, sans discontinuer. Mais, ton fils m’appartient, à partir de ce moment.

Et elle allait disparaître sous les flots, avec l’enfant, lorsque Ab-Grall se jeta dans l’eau, le lui enleva et courut le remettre entre les bras de sa mère.

— Il me reviendra, tôt ou tard, car il m’appartient ! criait la Sirène, en fureur, et faisant déferler de grandes vagues sur le rivage.

Mais, le pêcheur courait toujours, et il arriva à sa chaumière, tout essoufflé et tout bouleversé.

— Jésus ! qu’est-il donc arrivé, Ewen ? lui demanda Guyona, en le voyant dans cet état.