Page:Luzel - Contes populaires, volume 2, 1887.djvu/41

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

affamé. Il jeta, pour son repas, un prince dans la grande chaudière remplie d’eau bouillante, qui était sur le feu, puis, ayant aperçu Calaman, il s’apprêtait à le jeter aussi dans la grande chaudière, quand la princesse s’interposa et dit :

— Holà ! ne faites pas de mal à mon gentil cousin Calaman, le fils du roi de France, qui a eu bien du mal à venir jusqu’ici pour me voir.

— Ah ! c’est votre cousin ? Alors, je veux bien ne pas le manger, pour ce soir.

On se mit à table, pour le souper. Le magicien dévora d’abord presque un bœuf tout entier, puis, le prince qu’il avait fait cuire dans la chaudière, et but une barrique de vin. Calaman ouvrait de grands yeux, en voyant tant de gloutonnerie, et n’était guère rassuré.

— Tu n’as pas peur, petit ? lui demanda le monstre, quand sa faim commença de se calmer.

— Non, répondit Calaman.

— Tu es donc un gaillard, toi ? Mais, demain matin, je te mettrai à l’épreuve, et nous verrons bien.

Le lendemain matin, avant de partir pour sa tournée journalière, le magicien mit le jeune prince en présence de cinq cents hommes armés, dans la cour du château, et lui dit :

— Défends-toi !