Page:Luzel - Contes populaires, volume 3, 1887.djvu/150

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rosse sortit de la cour, il courut après, en disant dans son langage :


C’est la laide, aux traits renfrognés.
Aux talons, aux orteils rognés ;
Hélas ! hélas ! et la jolie
Dans sa prison pleure et s’ennuie !


Mais personne ne faisait attention au pauvre animal.

Quand on fut à la porte de l’église, la fausse fiancée dut descendre du carrosse ; mais, hélas ! elle ne pouvait plus marcher, et, à chaque pas qu’elle essayait de faire, elle poussait des cris de douleur. Alors, le prince, la regardant en pleine lumière, ne put retenir un cri d’étonnement et d’indignation et, se reculant comme à la vue d’un monstre, il s’écria :

— Trahison ! ce n’est pas là celle que j’ai vue et que j’aime : retournez chez vous quand vous voudrez ; ôtez ce monstre de devant mes yeux !

Jugez de l’étonnement et du trouble qu’il y eut alors.

Le prince était fort en colère, et il partit aussitôt, avec toute sa suite. La mère de Louise s’en retourna aussi avec sa fille, qui pleurait à chaudes larmes de revenir de la sorte, après avoir été si près d’épouser un prince. Elle écumait de