Page:Luzel - Contes populaires, volume 3, 1887.djvu/153

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bien malade, bien malade, et j’ai failli mourir, cette nuit.

— Pauvre enfant ! heureusement que ce ne sera rien, et vos belles couleurs vous reviennent déjà.

Et la méchante, la maudite couleuvre[1], ne pouvant cacher plus longtemps sa rage, sortit et courut chez son amie la sorcière. Elle lui conta comment son ragoût de chat avait manqué son effet, puisque la jeune fille vivait encore. L’autre couleuvre (la sorcière) fut étonnée d’apprendre cela, car jamais ce moyen ne lui avait encore failli.

— Que faire à présent ? Il faut me trouver autre chose, et vite ! dit la marâtre.

— Eh bien ! je ne vois d’autre moyen que de rendre la vie avec vous insupportable à votre mari et à sa fille. Soyez toujours de mauvaise humeur, grondez, menacez, frappez même ; nourrissez-les mal, et de ce qu’ils aiment le moins. Enfin, faites que votre maison soit un enfer pour eux, et ils finiront par la quitter et partir volontairement, pour quelque pays lointain.

La marâtre revint avec les instructions de son amie, et elle commença à les mettre immédiatement en pratique. Il est vrai que ni son mari, ni

  1. Il y a en breton ar serpentès (la serpente).