Page:Luzel - Contes populaires, volume 3, 1887.djvu/159

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vera pas de mal, parce que c’est par amour pour vous que je m’exposerai ; et quant à ce qui est de traverser la mer, cela ne me sera pas difficile, car je sais nager comme un poisson.

Yvonne se laissa convaincre par les instances du Chat, et elle lui confectionna un bissac, comme il le désirait. Le Chat le mit alors sur ses épaules, se jeta à la mer, et, comme il l’avait dit, il nageait comme un poisson, ce qui rassura sa mère, qui le suivait des yeux, du rivage.

Il prit terre, sans mal, et arriva à un port, situé sur la mer, comme qui dirait Lannion, ou Tréguier. Comme il se dirigeait vers l’intérieur de la ville, le long des quais, des écoliers l’aperçurent :

— Tiens ! tiens ! vois donc le drôle de Chat, qui porte un bissac sur ses épaules, comme un chercheur de pain (un mendiant) ! se dirent-ils les uns aux autres, en se le montrant du doigt.

Et les voilà de courir après le Chat, et de lui lancer des pierres. L’animal entra dans la première porte qu’il trouva ouverte. C’était celle de la maison du seigneur Rio, un des plus riches habitants de la ville. Il s’arrêta au seuil de la porte de la cuisine, et se mit à crier : Miaou ! miaou ! La cuisinière, voyant ce gros Chat noir, qu’elle ne connaissait pour appartenir à aucun des voisins, prit son balai et se mit en devoir de le chasser ;