Page:Luzel - Contes populaires, volume 3, 1887.djvu/165

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son galant en crèveront de dépit et de jalousie. Comme il n’y aura pas un lit pour chacun des chasseurs, on les mettra à coucher deux à deux. Vous aurez pour compagnon de lit votre rival même. Prenez bien garde, je vous le répète, ou vous y laisserez votre vie, cette nuit-là. Après le repas, où tout le monde boira copieusement, quand l’heure d’aller se coucher sera venue, vous monterez à votre chambre, avec votre ennemi. Celui-ci, qui aura bu abondamment, sera pressé de se coucher ; il se mettra le premier au lit, prendra le côté du mur et s’endormira aussitôt. Vous vous coucherez vous-même, sans avoir l’air de vous défier de rien ; mais, gardez-vous bien de vous endormir. Lorsque votre compagnon de lit aura commencé à ronfler, vous changerez de place avec lui, en le poussant sur le devant, pour vous mettre du côté du mur, et alors vous éteindrez la lumière et ferez semblant de ronfler vous-même. Quand la dame du château vous croira profondément endormis tous les deux, elle entrera dans votre chambre, tout doucement, sur la pointe du pied, et, avec un grand coutelas, qu’elle aura bien affilé, dans la journée, elle coupera le cou au dormeur qui sera sur le devant du lit, persuadée que c’est vous. Puis, elle s’en ira, en donnant un coup de pied à la tête coupée, qui roulera sur le plancher. Vous avez bien entendu,