Page:Luzel - Contes populaires, volume 3, 1887.djvu/169

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tête de l’autre noyée dans son sang, et son corps étendu à côté, elle poussa un cri sauvage et faillit s’évanouir. Mais, maîtrisant sa douleur et ne perdant pas de, vue sa vengeance :

— Ah ! le misérable ! s’écria-t-elle ; il a assassiné, en traître, son compagnon de lit ? Qu’on le garrotte, qu’on le jette en prison, et, demain matin, il périra sur l’échafaud !

Des domestiques furent appelés, et le pauvre Rio fut garrotté, maltraité et jeté au fond d’une basse-fosse, pour de là être conduit à la mort, le lendemain matin.

Un échafaud fut dressé, au milieu de la cour du château, et le lendemain matin, à dix heures, on tira Rio de sa prison et on l’y fit monter. La châtelaine était à son balcon, entourée de ses convives de la veille, et toutes les fenêtres étaient garnies de spectateurs. En promenant ses yeux de tous côtés, d’un air désespéré, Rio aperçut le Chat noir sur un toit, et aussitôt une lueur d’espoir éclaira son visage, et, se tournant vers l’animal, il dit :

— Puisque je n’ai plus rien à espérer des hommes, si du moins ce Chat noir, que je vois là-haut, voulait bien me venir en aide et faire connaître la vérité, je ne mourrais pas encore aujourd’hui !

Aussitôt tous les regards se tournèrent vers le