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Page:Luzel - Contes populaires, volume 3, 1887.djvu/170

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Chat. Celui-ci sauta alors sur l’échafaud, auprès de Rio, et parla ainsi au bourreau, qui, sa hache sur l’épaule, n’attendait que le signal pour frapper :

— Holà ! mon ami, arrête ! Ce n’est pas cet homme, qui est innocent, qu’il faut frapper, mais, bien la vraie coupable, celle qui a commis le crime, et la voilà !…

Et il désigna la châtelaine, qui était à son balcon, parée comme pour une fête et entourée de ses galants. Elle pâlit, poussa un cri et s’évanouit. Jugez de l’étonnement de tous les assistants !

Rio descendit alors de l’échafaud, et on y fit monter la châtelaine, qui fut décapitée à sa place, malgré ses cris et ses prières, car personne n’osa la défendre ni parler en sa faveur, tant on avait peur du Chat noir ! Quand tout fut terminé, Rio s’en retourna chez lui, heureux de pouvoir s’en tirer ainsi, et le Chat noir rentra aussi dans son île.

Quelques jours après, le Chat dit à sa mère :

— Il faut vous marier, ma mère.

— Comment, me marier ? Qui voudrait de moi, mon fils ?

— Je vous trouverai un mari, ma mère ; vous épouserez le seigneur Rio, à qui j’ai sauvé la vie. Laissez-moi faire, et ayez confiance en moi.