Page:Luzel - Contes populaires, volume 3, 1887.djvu/171

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Le lendemain, le Chat se rendit chez le seigneur Rio, et lui dit, sans autres compliments :

— Bonjour, seigneur Rio ; il vous faut épouser ma mère.

— Epouser votre mère, mon ami, une Chatte !...

— Oui, il vous faut l’épouser.

— Je reconnais que je vous dois la vie ; pourtant, quelque obligation que je vous en aie, si, pour prix de ce service, il me faut prendre pour femme une chatte...

— Croyez-moi, seigneur Rio, ma mère vous vaut tous les jours ; épousez-la, et vous ne le regretterez pas, je vous l’assure.

— Quand je l’aurai vue, peut-être... Enfin, nous verrons...

— Je vous l’amènerai, demain.

Et le Chat partit, là-dessus, laissant Rio dans un grand embarras. Il craignait de lui déplaire et de se montrer ingrat, et, d’un autre côté, il ne pouvait se faire à l’idée de prendre pour femme une chatte.

Le Chat, avant de quitter la ville, se glissa de la gouttière dans la chambre d’une riche marquise, et y déroba des robes de soie et de velours, avec des parures de toute sorte et des diamants, et, mettant le tout dans son bissac, il retourna dans son île. Cette fois, il s’y fit conduire par