Page:Luzel - Contes populaires, volume 3, 1887.djvu/22

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— Assez ! assez ! malheureux ! Donne-nous du pain à manger, au lieu de nous faire danser !

Puis, s’adressant à Crampouès :

— « Ce méchant nous laisse mourir de faim, moi et mes enfants, et quand nous lui demandons du pain, il prend son biniou du diable et nous fait danser, malgré nous ; et c’est la seule nourriture qu’il nous donne !... »

Quand il plut au meunier, il cessa de souffler dans son biniou, et la meunière, ses enfants et Crampouès purent prendre un peu de repos : ils étaient tout en nage. Crampouès, qui avait l’âme bonne et compatissante, dit à la meunière :

— Puisque nous avons dansé ensemble, ma brave femme, je veux vous régaler, à présent, vous et vos enfants.

Et, prenant sa serviette, il l’étendit par terre, là même où ils avaient si bien dansé, et dit :

— Serviette, fais ton devoir : sers un bon repas pour nous tous !

Et la serviette se couvrit sur-le-champ de mets de toute sorte, tout fumants et appétissants à voir : lard, saucisses, boudins, rôti de veau ; et du cidre, et du vin aussi !

— A table ! dit alors Crampouès à la meunière et à ses enfants, qui ne se firent pas prier, vous pouvez le croire, et firent honneur au festin improvisé. Le meunier aussi n’en fut pas exclus.