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Page:Luzel - Contes populaires, volume 3, 1887.djvu/283

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jeune général qui se montrait si assidu et si empressé auprès de sa femme.

— Comment donc s’y prend-il ? se demandait celui-ci ; il doit y avoir quelque sorcellerie là-dessous, et je ferai en sorte de la découvrir.

Un jour, que le prince de Tréguier avait abattu une quantité incroyable de pièces de toute sorte, sa femme se montra plus aimable que d’ordinaire à son égard, feignit d’être fière de lui et lui dit :

— Quel chasseur vous faites, prince ! Jamais on n’a vu votre pareil, et si vous ne vous modérez, vous êtes capable de détruire tout le gibier de la Russie. Tous nos chasseurs sont dépités et humiliés de vos exploits, autant que j’en suis fière, moi. Mais, comment faites-vous donc, dites-moi, pour tuer tant de bêtes, tous les jours ? C’est vraiment merveilleux !

— Je vous le dirai, mais, à vous seule et en vous demandant le secret le plus absolu, répondit le prince. J’ai une épée enchantée, qui ne me quitte jamais, et quand je lui dis : — Fais ton devoir, ma bonne épée ! elle atteint et terrasse tout ce que je veux, à la chasse comme dans un combat entre deux puissances rivales.

— Je pensais bien qu’il y avait quelque magie là-dessous, répondit la princesse ; — et en même temps elle se disait à part soi : — C’est bon !