à la cour du roi Serpent. Quand il entra dans l’écurie, les valets furent suffoqués par l’odeur infecte qui y entra avec lui, et sortirent tous. Un d’eux alla trouver le roi et lui dit :
— Le cheval blanc, qui était parti pour la Russie, vient d’arriver, sire, portant sur son dos un sac rempli de je ne sais quoi, mais qui répand une odeur si infecte, que ni homme ni bête ne peut la supporter.
— Apporte-moi, vite, le sac ici, répondit le roi.
Le valet apporta le sac au roi. Celui-ci l’ouvrit, répandit sur le contenu informe et puant quelques gouttes de son eau merveilleuse, et le prince de Tréguier en sortit, aussi sain de tous ses membres, qu’il l’avait jamais été.
Trois jours après, le roi Serpent dit encore au prince de Tréguier qu’il lui fallait retourner en Russie.
— Cette fois, ajouta-t-il, vous y irez sous la forme d’un beau cheval blanc. Je vous mettrai dans l’oreille gauche une fiole de mon eau de vie, car vous en aurez encore besoin. Quand vous arriverez à la cour de l’empereur, vous vous rendrez tout droit à l’écurie. Il y a, dans le palais, une jeune fille, dédaignée et méprisée par tout le monde, et que l’on emploie à garder les dindons, bien qu’elle soit de haute naissance.