Page:Luzel - Contes populaires, volume 3, 1887.djvu/343

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— Je vous prie de ne pas tourner la tête à mon fils, avec de semblables folies ; je le lui ai dit, plus d’une fois, et je le répète, jamais je ne lui permettrai de tenter une aventure si périlleuse.

— Je réponds de tout, sur ma tête, répliqua Petit-Jean ; laissez votre fils partir avec moi, demain matin, et je vous le ramènerai roi de France.

— Jamais ! répondit la mère, et j’aimerais mieux le voir mourir, sous mes yeux.

Et elle se leva de table et quitta la salle à manger. Fanch de Kerbrinic et Petit-Jean y restèrent encore, quelque temps, à causer et à boire, puis ils allèrent se coucher, bien résolus à prendre ensemble la route de Paris, dès le lendemain matin.

En quittant la salle à manger, la vieille dame, qui sentait bien que son fils partirait, quoi qu’elle pût faire pour essayer de le retenir, s’était rendue chez une vieille sorcière, qui habitait une masure, près du manoir de Kerbrinic, et elle lui demanda une potion pour faire mourir sur-le-champ deux personnes dont elle voulait se débarrasser. La sorcière lui remit, dans une fiole de verre, la liqueur désirée, en lui disant qu’elle pouvait y avoir toute confiance ; l’effet en était foudroyant. La dame de Kerbrinic alla alors se coucher, sans rien dire à personne.