Page:Luzel - Contes populaires, volume 3, 1887.djvu/439

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des vôtres, puisque vous en avez beaucoup, tandis que moi, je n’en ai qu’un seul.

— Non, reprit l’autre, ce n’est pas ainsi qu’on fera ; vous conduirez votre bœuf à votre champ, moi, je conduirai les miens à un de mes champs, et le premier qui s’en reviendra de lui-même à l’étable sera tué.

— Je le veux bien, répondit le petit Moine. On fit donc ainsi. Le bœuf du petit Moine, qui ne trouvait plus à paître, au champ où on le menait tous les jours, revint le premier à son étable, et il fut abattu aussitôt, écorché et dépecé. Puis, le petit Moine dit au grand Moine :

— Il ne me reste, à présent, qu’à aller vendre la peau de mon bœuf, à Pontrieux.

— Allez-y, si vous voulez, répondit l’autre. Et le petit Moine se mit en route, vers minuit, afin d’être rendu de bonne heure au marché de Pontrieux.

Après avoir dépassé le bourg de Plouëc, comme il ne voyait pas encore le jour poindre, il se dit en lui-même .

— J’arriverai trop tôt à Pontrieux ; je vais m’arrêter ici un peu, pour attendre le jour, en fumant ma pipe.

Et il s’adossa à un talus couvert d’ajoncs, et alluma une pipe. Il entendit du bruit, derrière le talus, des gens qui se disputaient.