Aller au contenu

Page:Luzel - Contes populaires, volume 3, 1887.djvu/440

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Qu’est ceci ? se dit-il.

Et il prêta l’oreille et comprit qu’on se disputait au sujet d’une somme d’argent à partager.

— Ce sont sans doute des voleurs, se dit-il, qui se partagent de l’argent qu’ils ont volé au château de Kercabin ; si je pouvais en avoir aussi ma part !

En ce moment, il entendit une voix qui disait :

— Ne jure pas de la sorte ; tu n’as donc pas peur que le Diable t’emporte ?

Ces paroles lui inspirèrent l’idée de faire le Diable, pour effrayer les voleurs. Il mit sa peau de bœuf sur son dos, avec les cornes qui se dressaient menaçantes sur sa tête, puis il monta sur le talus et se laissa rouler au milieu des voleurs, en poussant des cris horribles. Les voleurs, à la vue de la peau de vache et surtout des cornes, crurent que c’était le Diable en personne, et s’enfuirent précipitamment, abandonnant sur la place la plus grande partie de leur argent.

La lune s’était levée, et le petit Moine ramassa cent écus, en pièces d’or et d’argent. Il les mit dans sa poche et continua sa route vers Pontrieux, tout joyeux, et emportant sa peau de bœuf, qui lui avait valu cette bonne fortune. Il vendit la peau deux écus de six livres. Il dîna bien, but une bonne bouteille de vieux vin, puis, il s’en retourna tranquillement à Bégard.