Page:Luzel - Contes populaires, volume 3, 1887.djvu/86

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et de passer auprès d’eux pour un grand savant, un magicien, il tira sa serviette de sa poche, l’étendit sur la table et prononça fièrement les mots : « Serviette, fais ton devoir !... » Et voilà aussitôt un repas magnifique, des mets délicieux comme on n’en voit qu’à la table des rois, et des vins fins, de tous les pays.

Enivré, autant par les louanges que par le vin, Jean se laissa encore enlever sa serviette, et, le lendemain, il se retrouva aussi pauvre et aussi embarrassé que jamais. Cette fois, il n’osa pas se présenter devant sa femme, dans cet état, et il pensa que la seule chose qu’il eût à faire, c’était de retourner chez la mère des Vents. Il y alla donc encore, mais, bien honteux et peu rassuré, cette fois. Quand l’Ouragan le vit, il lui dit :

— Tu t’es encore laissé dérober ta serviette, malheureux !

— Ayez pitié de moi, Monseigneur l’Ouragan, dit humblement le pauvre tailleur ; ma femme et mes enfants meurent de faim, à la maison, et je ne puis y retourner, sans leur apporter quelque chose.

— Je consens à te venir en aide, une dernière fois, car tu n’es pas un méchant homme.

Et lui présentant un bâton :

— Voici un bâton, et quand celui qui l’aura en