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Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 1, 1881.djvu/114

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— Cet animal-là ne couchera pas dans le château ! Conduisez-le à l’étable aux vaches !

Le seigneur n’osa encore répliquer, et il fallut obéir. Le pauvre resta au château, car il était si faible qu’il ne pouvait se tenir sur ses jambes, et tous les jours le seigneur allait le visiter, et il lui portait en cachette du pain blanc, de la viande et du vin ; il restait longtemps près de lui, et lui prodiguait les soins les plus empressés et les plus affectueux.

Un jour, il lui fallut s’absenter pour quelque temps, et, avant de partir, il recommanda à ses valets de bien traiter son cher pauvre et de ne le laisser manquer de rien. Mais, à peine fut-il parti, que sa femme fit appeler un garçon d’écurie et lui donna un peu d’argent pour tuer le pauvre et mettre son corps en terre, dans le bois qui touchait au château ; ce qui fut fait.

Quand le seigneur revint de voyage, son premier soin fut de demander des nouvelles de son pauvre. On lui répondit qu’il était parti, de sa propre volonté, et qu’on ne l’avait pas revu depuis. Cette réponse l’étonna et ne le rassura pas. Un jour qu’il se promenait dans le bois, avec son chien, celui-ci se mit à gratter la terre, au pied d’un vieux chêne ; il le siffla et l’appela ; mais le chien n’obéissait pas, contrairement à son habitude, et il continuait de fouir la terre. Le