Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 1, 1881.djvu/141

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

trouvait qu’il ressemblait beaucoup à son fils aîné. Cela l’impressionna un peu ; il passa outre cependant. Un peu plus loin, il trouva un second pendu, au bord de la route, et celui-ci ressemblait à son second fils.

— Que signifie ceci ? se dit-il.

Il en fut très-ému, et il eut peur. Il tourna la bride à son cheval et revint sur ses pas.

À peine fut-il sorti du bois, qu’il rencontra un vieillard à la barbe longue et blanche, et qui lui parla de la sorte :

— Bonjour à vous, Joseph Nédélec.

— À vous pareillement, grand-père, répondit-il.

— Attendez un peu ; n’allez pas si vite, je vous prie. N’avez-vous vu rien d’extraordinaire dans le bois ?

— Non sûrement, si ce n’est pourtant deux pendus ; des voleurs, sans doute.

— Ne les avez-vous donc pas reconnus ? Les avez-vous bien regardés ?

— Oui, il m’a semblé qu’ils ressemblaient un peu aux deux fils que j’ai perdus. Mais mes pauvres enfants sont morts, l’un depuis deux ans, et l’autre il y a juste un an aujourd’hui.

— Oui, et le troisième est en ce moment malade sur son lit et près de mourir aussi.

— Ma malédiction alors sur saint Joseph, qui m’enlève tous mes enfants !