Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 1, 1881.djvu/168

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— Hélas ! répondit le père, le pauvre enfant est lépreux, et voilà ce qui fait mon désespoir. J’ai consulté tous les savants du pays, médecins et magiciens, et je les ai comblés d’or, car ce n’est pas là ce qui me manque ; mais ils ont eu beau frictionner l’enfant avec toutes sortes d’onguents et d’herbes, et réciter maintes formules secrètes, son état n’a fait qu’empirer tous les jours, et tout son corps ne sera bientôt qu’une mer de lèpre[1].

— Le pauvre enfant ! dit Marie, en le regardant avec compassion ; eh bien, lavez-le dans l’eau où j’ai lavé mon fils, et peut-être cela lui fera-t-il du bien.

— C’est inutile, répondit le père, après tout ce que nous avons déjà fait.

— Faites ce que je vous dis, je vous en prie, insista de nouveau Marie, et ayez confiance : Dieu est grand.

La femme du brigand lava son enfant dans l’eau qui avait servi à laver l’enfant de Marie, puis elle l’enveloppa dans du linge frais et le coucha chaudement dans son lit.

Le lendemain matin, Joseph et Marie s’apprêtaient à partir avec leur enfant.

  1. Eur mor euz a laournès, suivant la poétique expression de ma conteuse.