Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 1, 1881.djvu/288

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— Si cette fontaine était faite du sang que répandit notre divin Sauveur sur la croix !…

Et il récita encore cinq Pater et cinq Ave, puis les moutons, qui semblaient prier aussi, se remirent en marche, et il les suivit.

Ils arrivèrent alors à un grand château d’une forme étrange. La porte de la cour en était grande ouverte, et les moutons y entrèrent et se couchèrent sur le pavé. Jean entra aussi, à leur suite. Il fut étonné de ne voir aucune porte pour entrer dans le château, ni personne à qui parler.

Une échelle était appuyée contre la muraille d’une grosse tour. Il monta à cette échelle et regarda dans l’intérieur de la tour par la fenêtre du premier étage. Il vit une vaste salle remplie de feu et de flamme, et, au milieu du feu, une infinité d’hommes et de femmes de tout âge et de toute condition, torturés par des diables et des monstres affreux. Et c’était partout des cris et des imprécations épouvantables. Il recula d’effroi et d’horreur. Mais, comme il lui avait semblé reconnaître dans la fournaise ardente son père, sa mère et sa tante, il regarda de nouveau, et, s’étant assuré que c’était bien eux, il leur cria :

— N’est-il pas possible, mes pauvres parents, de vous retirer de là, à quelque prix que ce soit ?

— Hélas ! non, répondirent-ils, car nous sommes ici dans l’enfer !