Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 1, 1881.djvu/291

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ceinture. Tu te retireras dans quelque bois, où tu vivras, comme tu pourras, de racines, d’herbes et de fruits sauvages. Vois si tu te sens le courage d’accomplir jusqu’au bout une telle épreuve.

— Oui, maître, je l’accomplirai, avec l’aide de Dieu !

Alors fut apportée une ceinture de fer garnie de clous aux pointes aiguës et tournées en dedans ; on la lui mit sur son corps nu, et on la ferma avec une petite clé d’or, qui fut ensuite jetée dans la mer. Puis, on lui dit de retourner dans son pays et de se retirer au fond d’un bois, pour accomplir sa pénitence.


Jean, après une marche longue et pénible, arriva auprès de ses frères, qui ne le reconnurent pas d’abord, tant il était maigre et décharné ! Deux ans s’étaient écoulés depuis le jour de son départ. Il leur raconta tout ce qui lui était arrivé et ce qu’il avait vu. François et Yves, en apprenant que leur père, leur mère et leur tante étaient damnés, dans l’enfer, mais que néanmoins le Seigneur voulait bien rendre leur délivrance possible, se vouèrent aussi à la pénitence, pour aider leur jeune frère dans la terrible épreuve qu’il avait acceptée. Leur vie n’avait pas été exemplaire jusque-là, et le récit de leur cadet les avait effrayés pour eux-mêmes. L’un d’eux se retira donc dans