Page:Luzel - Légendes chrétiennes, volume 1, 1881.djvu/318

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de la cour, allait, dès qu’il pouvait s’échapper, se promener dans un bois voisin. Il y fit la rencontre d’un vieux charbonnier dont la conversation lui plut beaucoup. Tous les jours, il se dérobait, pour aller causer avec ce sage dont la science n’avait pas été apprise dans les livres, si bien que les princes, les princesses, les courtisans s’en plaignirent au roi, lui représentant qu’il n’était pas convenable que le jeune prince dédaignât ainsi leur société pour celle d’un charbonnier !

Le vieux roi fit des représentations à son fils. Celui-ci répondit que ce charbonnier n’était pas un homme ordinaire ; que c’était un vrai sage, et que sa conversation lui était plus profitable que celle des princes et des courtisans ; — et il continua de le fréquenter et de se plaire dans sa société.

Le roi, obsédé par les mêmes gens, réprimanda de nouveau son fils, et avec vivacité, cette fois. Le prince ne voulut rien changer à ses habitudes, si bien que le vieillard s’emporta outre mesure et lui ordonna formellement de ne plus voir le charbonnier, le menaçant, en cas de désobéissance, de le faire écarteler à quatre chevaux.

— Bah ! mon père, répondit-il avec calme, vous avez bien tort de vous mettre tant en colère pour si peu de chose. Mais rappelez-vous bien que, loin